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Lapis lazuli

étude des matériaux lithiques

Marqueurs minéralogiques et traceurs de mobilité dans les cultures préhispaniques andines

Programme Tournesol
Coopération scientifique avec la France – Partenariats Hubert Curien

Durée
2019-2022

Résumé du projet
Ce projet vise à consolider les échanges et la collaboration entre des partenaires institutionnels belges et français regroupés autour d’une problématique commune: l’étude des voies de circulation et d’échanges dans la Cordillère des Andes (Pérou, Bolivie, Chili, Argentine) grâce à l’identification des différentes étapes de la chaîne de production-transformation-consommation des matériaux lithiques précieux (lapis-lazuli, obsidienne, etc.) durant l'Horizon Moyen (500-1150 apr. J.-C.) de la période préhispanique. Le PHC (Partenariat Hubert Curien) proposé concilie les Sciences de la Terre (Géologie, Minéralogie, etc.) et les Sciences humaines (Archéologie, Histoire, Ethnographie, etc.) afin d'appliquer des techniques analytiques modernes et propices à la compréhension des phénomènes remarquables de production et d’échanges dans les Andes centrales et méridionales.

Objectifs
Ce projet se concentre pour cela sur l'étude des matériaux lithiques (lapis-lazuli, obsidienne, etc.) car il est possible d’en déterminer les caractéristiques minéralogiques et les signatures chimiques, marqueurs qui permettent l’identification des sources de production et la dispersion des artefacts à travers la cordillère des Andes et le long de la côte pacifique.

Nous proposons de nous concentrer sur l'Horizon moyen (500-1150 ap.C) car c'est une période où les systèmes politiques, économiques et religieux se cristallisent au sein de royaumes importants (Wari, Tiwanaku). Ceux-ci commencent à exercer une immense influence symbolique au delà de leur territoire de domination politique. Ce fait majeur dans l'histoire préhispanique andine permet de nous interroger de manière pertinente sur les réseaux d'échanges de l'époque. S'y croisent, en effet, des produits en provenance de différentes régions très éloignées les unes des autres (forêt tropicale, côte pacifique, hauts-plateaux, nord-ouest argentin, désert côtier). Ces matériaux et produits possèdent non seulement une valeur économique et symbolique mais en plus ils sont porteurs d'idéologies religieuses et politiques.

L’identification de marqueurs minéralogiques permettra in fine de reconstituer géographiquement les grandes tendances de production et de circulation de ces matériaux, ceux-ci pouvant parfois être retrouvés à plus de 2.000 km de leur point d'extraction. Une des particularités de ces matériaux est leur rareté et, intrinsèquement, leurs valeurs pour les cultures préhispaniques. Outre que ces biens de « prestige » transitent à travers les Andes, ils ont l’avantage de bien se conserver en contexte archéologique à l’inverse des matériaux périssables comme la laine ou les végétaux. Par leurs valeurs, la présence d’artefacts lithiques précieux en contexte archéologique est un indicateur de statut social et un traceur de mobilité. La complexité et l’étendue des réseaux d'échanges andins est attestée depuis la période Formative (II-Ier millénaires avant notre ère), comme en témoigne la circulation des spondyles (coquillages rouge) tout le long de la côte pacifique et vers l’intérieur du continent depuis 3000 ans.

Étapes du projet
Les disciplines représentées au sein de ce consortium de chercheurs sont la géologie, l’archéologie et l’ethnohistoire. Celles-ci permettront, dans une logique d’interdisciplinarité et de synergie, d’aborder les objectifs spécifiques et les étapes du projet :

- Étape 1 : révision de la littérature scientifique (archéologique, géologique et historique) concernant les matériaux lithiques précieux en usage au cours de l'Horizon moyen (500-1150 ap.C) en vue de réaliser un état de l’art et un inventaire des artefacts conservés dans les collections et/ou issues de fouilles archéologiques. Il s’agira également de réaliser un état de l’art sur les échanges à longues distances attestés sur le continent par d’autres sources d’informations et/ou matériaux naturels et manufacturés.

- Étape 2 : Géologie : études et analyses par diverses techniques de préférence non-invasives (RAMAN, Fluorescence X,...) des artefacts et si nécessaire invasives (pétrographie sur lame, ICPMS) d'échantillons de matériaux lithiques afin d’en déterminer les caractéristiques pétrographiques et leur signature chimique.
 / Archéologie : analyse et relevés des artefacts archéologiques (figurines, ornements, fragments, etc.) conservés dans les collections muséales et dans les dépôts archéologiques en y incluant l’étude des contextes de découvertes.

- Étape 3 : prospection-localisation des potentiels gisements d'Amérique du sud (Pérou, Bolivie, Chili, Argentine) afin de compléter la carte géologique et archéologique.

-  Étape 4 : traitement des données, analyses et modélisations des voies d’échanges et de circulation des matériaux lithiques durant la période préhispanique (géoarchéologie). Nous intégrerons également les données dans les modèles d’échanges socio-économiques aux échelles micro et macro-régionales et nous analyserons la valeur symbolique de certains de ces matériaux dans les pratiques des cultures andines. Les résultats seront publiés sous formes d’articles scientifiques et différents évènements seront organisés (ateliers, colloques, etc.).

Partenaires
MRAH, Muséum d’Histoire naturelles de Paris et ULB (Université Libre de Bruxelles)